Saïda la bienheureuse
Saïda la bienheureuse
Elle se donnait des allures de petite capitale,
Avec ses larges avenues, bordées de gros mûriers,
Dont les fruits succulents, selon l'opinion générale,
Faisaient les délices de tous les écoliers.
Sur la place, majestueuse, la maison commune,
Aux murs roses, aux larges fenêtres et hautes cheminées,
Que les cigognes, d'une façon bien opportune,
Couronnaient de gros nids dès le début de l'année.
Etendard à la main, le valeureux soldat d'Afrique,
Dressé fièrement sur son socle de granit,
Nous rappelait ses chevauchées épiques,
Tandis qu'à ses pieds, veillait un lion assoupi.
Le cadran solaire faisait la fierté d'un grand nombre,
Avec ses quatre faces blanches ornées de signes gravés,
Et sa flèche effilée qui projetait son ombre,
Quand le soleil la caressait de ses rayons dorés.
Point de rencontre de toute une foule bigarrée,
Le marche couvert, aux larges portails de fer forgé:
Les ménagères sans se presser déambulaient dans ses allées
Ou s'arretaient pour marchander devant les étals surchargés.
Il y avait encore notre église, un théâtre, la piscine,
Où nos belles endimanchées ,dansaient sous les faux poivriers,
Et profitaient de ces longues étreintes coquines,
Pour échanger des confidences avec leurs tendres cavaliers.
Le dimanche, c'était la tradition, par groupes entiers,
Les gens se promenaient sur l'avenue dès le soir tombé,
Ou s'attablaient à la terrasse des glaciers,
Pour déguster un "panaché" dans la douceur de l'été.
Qu'il était beau le village de mon enfance!
Petite cité de France, bâtie au milieu des oliviers.
Les gens y vivaient heureux, pleins d'insouciance,
Et nous avions déjà l'été aux derniers jours de Février.
Poème de Christian Ségura